Si notre entrée en Alaska s’est faite sous le soleil, la pluie ne nous quitte pas depuis quelques jours maintenant. Mais on décide quand même de partir 2 nuits dans le Denali en camping.
Le Denali National Park a un fonctionnement particulier. Il n’y a qu’une seule route et elle est la plupart du temps fermée aux véhicules. Il faut pour y accéder prendre un réseau de bus géré par le parc. Ayant décidé de camper, on bénéficiera du pass « camper bus » qui nous permet une fois dans le parc de prendre n‘importe quel bus, pour nous rendre où on veut. Enfin où on veut le long de la seule route !
On passera donc 2 nuits à Igloo Creek, camping le plus éloigné de l’entrée du parc où il y a de la place.
On aurait bien aimé le camping de « wonder lake », mais c’est le plus demandé, car il offre une vue sur le Mont McKinley…quand il est dégagé !
Le Mont McKinley justement, parlons-en ! Plus haut sommet de l’Amérique du Nord, il culmine à 6200m. Il n’est visible qu’une infime partie de l’année. Pour vous donnez une idée, seuls 30% des personnes visitant le parc ont la chance de le voir dégagé !
Son ascension est redoutable. Entre 2 et 3 semaines pour atteindre son sommet. Cette année seulement 36% des alpinistes ayant tenté l’ascension parviendront au sommet ! La température la plus froide de l’Everest correspond à la plus chaude du McKinley…tout un programme.
Mais revenons à nos moutons. Notre première journée dans le parc se fera sous la grisaille et la bruine. Mais le décor est tout de même grandiose.
Le Denali, c’est aussi un choc, un retour à la civilisation brutale ! Comme je vous le disais, le parc bénéficie d’un réseau de bus. Le réseau est constitué de plusieurs types de bus. Le camper bus pour les gens comme nous et ensuite des bus avec guide qui conduisent les touristes à travers le parc. La route étant one-way, l’aller et le retour prennent une journée entière dans le bus…avec plusieurs arrêts de 5min aux points clefs de la route. Pouvant prendre n’importe quel bus, on n’a pas fait spécialement attention, mais on s’est à un moment retrouvé dans un bus « à touristes »….Je ne vous raconte pas le choc.
C’est lorsque nous avons croisé la route du premier ours de la journée qu’on a compris qu’on n’était pas dans le bon bus. Le chauffeur a pilé comme un abruti en disant au micro « A bearrrrrr !!! on the right !!!! Three o’ clock !!!! » En une fraction de seconde tous les consanguins situés dans la gauche du bus se jettent sur les consanguins de la partie droite. Le bus manquera de faire un tonneau !
Et vas-y que ça mitraille à travers la vitre. Et nous au milieu de tout ça, on cherche l’ours. Mais bordel il est où l’animal !? Rien autour du bus, rien à 50m dans la toundra … mais où se cache-t’il !! Et soudain on percute ! Le grizzly en question est quasiment deux talwegs plus loin et il est minuscule…il est ultra méga loin !!!
Et oui on a pris la mauvaise habitude de voir les animaux de super près. Ce n’est pas notre faute, on a toujours croisé leur route en étant proche, et là, de voir tout le monde se ruer à la fenêtre comme s’il était juste devant le bus alors qu’il est peut-être à 800m ou 900m, ça nous laisse perplexe.
Tout cela avec en fond sonore, le chauffeur du bus qui rabat toutes les 2minutes « be quiet please » ahahahah la blague à cette distance le grizzly il entend que dalle…enfin bref décalage de très très grande taille. À tel point qu’on descendra pour changer de bus.
On apercevra 5 ours dans la journée et un troupeau de « Dalle Sheep »
Mais surtout on apercevra un animal extrêmement rare et dangereux. Il est au sommet de la chaine alimentaire : Le chien de prairie mangeur de myrtilles !!!
De retour à notre camp de base, on partira à la chasse aux myrtilles, on remplira rapidement notre besace pour deux raisons ! Il y en a partout et on croisera un peu trop de crottes d’ours pour s’éterniser dans le coin !
Après un repas Knorr j’adore, direction dodo !
Bin oui la journée a commencé tôt, le bus qui nous a amenés à notre campement partait à 6h55 ! Après une bonne nuit, bien à l’abri et au chaud, on se lève plein d’espoir ! Aujourd’hui le temps semble s’orienter au beau !
On prend le camper bus, plus roots et pour le coup on ne sera que 6 dans le bus, le chauffeur Omar compris ! Nice ! Par le fruit du hasard, on va se retrouver que 3 dans le bus, nous deux et Omar, les autres personnes étant descendues en cours de route. Eh bien on ne pouvait espérer meilleure expérience ! On croisera la route de quelques ours, mais surtout Omar va nous faire vivre une expérience inoubliable. À un moment, il nous dit de descendre du bus et de marcher, qu’il va nous suivre avec le bus. On lui demande pourquoi, il nous répond « Descends, marche et tu verras ». Et on va voir ! Oh que oui on va voir. Il nous dépose en bas d’une petite pente. On gravit la pente et paf la rétine ! Le McKinley nous percute la face arrivé au sommet de la pente. Instant magique, seuls tous les deux.
On remonte dans le bus euphorique ! On l’a vu !!! On a eu la chance de le voir et surtout de le découvrir d’une manière unique ! On croisera 300m plus loin une centaine de touristes se battant pour faire une photo sur un point de vue aménagé…même lieu, mais expérience ô combien différente.
On descendra quelques kilomètres plus loin, pour aller randonner sur l’alpine trail et prendre de l’altitude pour admirer encore plus le McKinley !
Sur la route du retour, on croisera plus de 12 ours, portant le cumul de la journée à quasi 20 ours vus.
On observera aussi des caribous et des dalles sheeps.
Après une bonne nuit réparatrice, on pliera le camp on se baladera un peu dans le parc pour ensuite prendre la route vers Anchorage !
Clin d’oeil final du Denali :